
Dans cet ouvrage, Marie Moutier Bitan, historienne, se livre à un incroyable travail d’enquête et de recherche.
Comment, en 1941 lors de l’operation Barbarossa, les Juifs de Galicie orientale ont été massacrés non seulement par les Nazis, mais aussi par leurs voisins, leurs collègues, leurs connaissances ?
Comment un tel déchaînement de violence de citoyens « lambda » a t-elle été possible ?
Avec brio, elle démontre que cela a été rendu possible à la fois parce qu’il existait un terreau, un profond sentiment de haine issu d’un mélange de jalousie, de ressentiments, de rumeurs, mais aussi parce que les Nazis ont non seulement encouragé cette haine mais l’ont en prime autorisée « légalement ».
Un cocktail dramatique qui a conduit à la traque, la torture et l’exécution sommaire de milliers de Juifs par ceux qui, jusqu’ici, partageaient leur rue, leur terre, leur quotidien.
Marie Moutier Bitan se livre à un incroyable et rigoureux travail de recherche, et malgré la rigueur de son travail d’historienne, elle reste accessible à tous.
Personnellement, j’ai trouvé l’ouvrage un peu factuel les 20 ou 30 premières pages, et par la suite, quelque chose s’est comme détendu, assoupli et l’émotion a trouvé sa place.
Car sa plume est certes précise, factuelle et rigoureuse mais elle a également ce quelque chose d’humain et de sensible qui nous entraîne dans sa quête avec émotion. Elle a ce « petit supplément d’âme » qui vous accroche à la lecture.
Un livre qui m’a mis dans les bonnes dispositions pour mieux comprendre ma lecture suivante : Les Disparus de Daniel Mendelsohn.
Je vous conseille fortement de lire les deux pour saisir avec plus de précisions l’ampleur de ce massacre en Europe de l’Est.