Il y a peu de temps, en découvrant Jean Teule dans La Grande Librairie de François Busnel, j’ai eu envie de découvrir les romans de cet homme à l’extraordinaire gouaille.
C’est une abonnée Instagram qui m’a suggérée de lire « Mangez le si vous voulez » pour commencer à découvrir cet auteur.
Je l’ai dévoré (pardon pour ce jeu de mot) en une journée et une chose est certaine : ce roman de seulement 110 pages restera à jamais dans ma mémoire.
Jean Teule restitue un fait divers réel incroyable.
Nous sommes en France, à Hautefaye à l’été 1870. Les petites gens, les paysans ont chaud et ont faim, car la chaleur a massacré toutes les cultures.
La chaleur échauffe les esprits, d’autant plus que la France est en guerre avec la Prusse et que les nouvelles ne sont pas bonnes. Tout le monde a peur d’être envoyé au front.
C’est dans ce contexte qu’Alain de Moneys, un jeune et gentil notable de la région se rend à la foire du village voisin. Il est apprécié dans la région. Sa bonté, son honnêteté sont unanimement reconnues…
Alors comment expliquer, que deux heures après son entrée dans le village, Alain aura été battu, torturé, brûlé vif et selon les rumeurs, mangé par la foule de la foire ?
Ce roman m’a soufflée. Il est d’une violence inouïe. Du moins, pas le roman qui n’invente rien finalement, mais ce fait divers qui est d’une violence monumentale. Jean Teule explore ici à merveille le mécanisme d’entraînement des foules, le déchaînement d’une violence et de frustrations contenues, quand nous sommes plongés anonymement au sein de la masse.
Un roman incroyable qui dissèque la violence d’un fait divers survenu en 1870, mais qui peut faire un certain écho à l’actualité.
Comment un individu se transforme-t-il quand il est entraîné par la foule anonymisante ?
Terrifiant de violence et de vérité.
A lire absolument.
Les Petites Lectures de Maud 